Le 1er août 1971, George, sensibilité à la cause du Bangladesh, donne un concert afin de récolter des fonds pour financer l’aide humanitaire à ce pays sinistré.
L’objectif est de réunir nombre de ses prestigieux camarades. A l’exception de John Lennon (qui à l’origine devait participer) et de McCartney (encore sous tension après la douloureuse séparation des Beatles), le timide George a quand même autour de lui Bob Dylan, Eric Clapton, Ringo Starr, Leon Russell, Billy Preston… et Ravi Shankar en première partie.
George porte un costume blanc, une chemise rouge et une longue barbe. Il semble un peu chétif dans cet ensemble.
Il vient de publier son triple album All Things Must Pass et obtenu un triomphe avec My Sweet Lord. Sa carrière est à son top !
Les versions live de Something par son auteur sont rares (2). Dans les deux il est accompagné par Eric Clapton. En 1971, Eric Clapton n’est pas au mieux de sa forme, sa dépendance à l’héroïne l’ayant placé dans une sorte de retraite. Sa prestation ce soir là ne restera pas dans les annales.
Que dire de cette interprétation ? musicalement, ça tient la route. Les nappes d’orgue de Billy Preston ayant remplacé les cordes de George Martin. Des chœurs féminins enrichissent ( ?) Harrison nous sert un solo proche de l’original, impeccable. Cela reste un néanmoins un document exceptionnel et il faut le savourer comme tel.
2 - LIVE IN JAPAN (1991)
CD publié en juillet 1992
Enregistré au Japon (Osaka et Tokyo) en décembre 1991
Dark Horse Records
Second et dernier live de George, l’homme n’est pas une bête de scène. Encouragé par son ami Eric Clapton, ce dernier met à sa disposition son back band de luxe : Andy Fairweather-Low (guitare), Nathan East (basse) Greg Phillinganes (claviers), Chuck Leavell (claviers) Steve Ferrone (Batterie) Ray Cooper (percussions).
L’album balaye la carrière complète de George et les titres des Beatles ne sont pas oubliés pour notre plus grand bonheur ! L’album débute par un percutant I Want to tell you. D’emblée l’auditeur sait qu’il a affaire à du lourd ! Le répertoire du guitare soliste des Beatles n’est pas aussi copieux que celui du bassiste du même groupe, mais il impose l’admiration car il n’y a vraiment rien à jeter dans cet album qui constitue donc un concert best of idéal.
Mais revenons à Something. Après un petit solo de guitare en introduction, le morceau suit sa trame habituelle, brillamment. Vient naturellement le solo de George suivi d’un autre solo d’Eric Clapton. Encore une belle et rare version.
S’il ne faut qu’un seul DVD de Paul McCartney dans sa collection, c’est celui-ci. Je ne vais pas revenir sur tout le bien que je pense de cette tournée américaine de 1976, ni sur le triple album qui en témoigna sur lequel je me suis déjà longuement épanché.
D’abord sorti en VHS en 1980, puis en Laserdisc, il faudra attendre 2013 pour qu’enfin des versions DVD et Blu-ray voient le jour.
On y voit un McCartney radieux, tout sourire, motivé et enthousiaste. Sa voix est au top et assure toute la large palette qui est la sienne, de la chanson légère au rock le plus lourd (si, si !). Les Wings sont brillants et la section de cuivre n’est pas en reste.
McCartney puise avec parcimonie dans le répertoire des Beatles mais fait la part belle à celui de ses Wings. Il lâche même le micro à ses acolytes le temps de quelques morceaux, sans nuire à la cohérence de l’ensemble.
Le petit bonus a un intérêt très relatif : on y voit le groupe backstage, dans les coulisses, festoyant avec quelques rock stars en visite : Ringo, Harry Nilson, Elton John ou encore Cher. Les dernières minutes sont consacrées aux impressions – excellentes, bien sûr – de quelques spectateurs au sortir du concert.
Le DVD, présenté dans un joli livret, indique une durée de 139 minutes pour 28 chansons. Rien à jeter ! Indispensable pour les amoureux de Wings Over America.
A la sortie de Wing Over America, seul un 45 tours verra le jour. Le choix des titres est judicieux : Une merveilleuse version de Maybe I'm Amazed en face A (qui surpasse, à mon goût, l'originale) et Soily, un inédit, en face B.
Voici mon exemplaire, en édition française :
Format : 45 tours SP (7 pouces)
Pathé Marconi - EMI
2 C 006-98701
1977
Pochette recto.
Pochette verso
Le 20 avril 2013, à l'occasion du Disquaire Day et la sortie du coffret dans la collection "Paul McCartney Archives Collection", un 45 tours exclusivement dédié à "Maybe I'm Amazed" est publié.
Le contenu : 4 versions différentes du morceau.
Sur chaque face, une version courte de 3,53 minutes suivies d'une version longue de 5,22 minutes.
Un mois après la critique de Rock&Folk, Best (le magazine concurrent) confie à Bill Schmock la charge de chroniquer le disque. Après avoir expliqué les raisons mercantiles qui ont justifié ce triple album, le journaliste ne manquera pas d’éloge sur les Wings et sur « Paulo ».
BEST N°103 – Février 1977.
Pourquoi ce triple-album enregistré en public ? Pour des raisons qui appartiennent essentiellement au marché américain actuel. On n’ignore pas le succès des double-album live, engendré par le jeune Peter Frampton, qui semble avoir contaminé la majeure partie de la scène rock.
Petit Paul étant la star la plus en vue du moment, il se devait d’établir la surenchère, tout en sachant que le coup était gagné d’avance. Mail il existe une raison plus importante qui s’apparente directement à la tournée effectuée par Wings l’année passée à travers les Etats-Unis. Le succès obtenu durant cette période par le groupe a été tout simplement phénoménal (c’était sa première visite). Les marchands de bootlegs ont trouvé en l’occasion, le filon biblique et une cinquantaine de pirates ont vu le jour un peu partout, retraçant le concert type dans son intégralité. La famille McCartney s’est vue dépouiller avec amertume du patrimoine éloquent qui lui était dû. Une seule solution : immortaliser sur le vinyl de façon légale ce qui l’avait été illégalement. Le résultat : « Wings over America », un merveilleux best of « live » des compositions McCartney. Alors bien sûr, nous les petits français, critiques dans l’âme, on se dit qu’un double album aurait bien fait l’affaire. Pour autant que l’on sache, il est des morceaux dont on se serait passé, mais il en faut pour tous les goûts et Dieu sait si Paulo sait les réunir. A ce propos, j’en connais qui préfèrent déjà la troisième face, est-ce bien raisonnable ? Pour ce qui est de la performance, ce disque donne la preuve matérielle que Wings est un très grand groupe scénique, ce qui était sujet à beaucoup de controverses. Il est enregistré de façon remarquable, et on y retrouve cette perfection, cette puissance et cette variété qui étaient le fait même du concert parisien. Paulo resplendit et son groupe illumine chaque morceau d’une santé redoutable. Ce disque est cher, mais il en vaut la peine et si décidément votre bourse souffre le martyre, demandez à votre disquaire qu’il vous le coupe en deux. Ah ! Au cas où il se montrerait réticent, dites que vous venez de ma part.
Dans ce numéro, le live 1976 des Wings atteint la 48ème place, entre le « One More From the Road » de Lynyrd Skynyrd et « 4 Way Street » des Crosby Sills, Nash & Young.
L’article est signé X.B., soit, sans doute, Xavier Bonnet, rédacteur en chef adjoint de la revue.
Lorsqu’il entame en mai 1976 le volet américain d’une tournée débutée avec ses Wings en Grande Bretagne huit mois plus tôt, Paul McCartney n’est pas monté sur une scène américaine depuis les Beatles en 1966. L’engouement sera à la hauteur de l’événement, d’autant que Macca a intégré quelques titres des Fab Four (« Lady Madonna », « The Long And Winding Road », « I’ve Just Seen a Face », « Blackbird », « Yesterday ») à un programme déjà cossu et d’où émergent les moments forts de Band on the Run, Venus and Mars et Wings at the Speed of Sound, les trois albums des Wings qui ont fait un joli chemin dans les charts. Le magnifique triple album qui s’ensuivra en décembre (et double CD plus tard) fera, au pire, offre de méga-souvenir pour les uns, de beau lot de consolation pour les autres.
Quand je range, ça ne rigole pas ! La preuve, ce CD-DVD mal classé a fait l’objet d’un nouveau visionnage avant de trouver sa bonne place. Bon, c’est pas encore fait mais l’intention y est.
J’aime bien Lynyrd Skynyrd, pour un tas de bonnes et mauvaises raisons. Les bonnes, c’est évidemment la musique, un bon vieux rock sudiste, teinté de blues, avec des guitares slides en veux-tu en voilà, le piano Honky Tonk de Billy Powell. Et plein de belles compositions que l’on retrouve sur cet enregistrement, capté en juin 2017. Les mauvaises raisons, c’est quand même l’histoire tragique de ce groupe qui, depuis le crash d’avion en 1977, n’a cessé de voir ses membres disparaître les uns après les autres. D’ailleurs, entre l’enregistrement du concert et la sortie en 2010, deux musiciens sont passés de vie à trépas : Billy Powell, le pianiste historique du groupe et Ean Evans, le bassiste depuis 2001.
En 2007, le groupe est en pleine forme, Johnny Van Zant, le chanteur grassouillet est tout content, il chante comme Ronnie, son frère défunt, Gary Rossington est toujours aussi peu souriant mais assure avec la décontraction des anciens ses fines parties de guitares. Rickey Medlocke, transfuge de Blackfoot, joue bien son rôle de mec vénère. Une boule de nerf ce garçon, les deux doigts branchés dans la prise. Billy Powell, un peu gras lui aussi (surtout quand on compare avec les photos anciennes, mais bon, en général ce type d’exercice n’est jamais très flatteur) mais vieux briscard, cabotin comme pas deux. Mark Matejka, petit jeune, ne se fait remarquer que par un jeu de guitare très efficace, tout comme le bassiste (Ean Evans, donc) et le batteur (Michael Cartellone).
Le concert démarre en souplesse et tranquillement avec « Travelin’ Man » suivi de « Work’in ». Ca sent l’échauffement. Avec « What’s your Name » on commence à entrer dans le vif du sujet. Le titre « Simple Man » m’a toujours fait penser que Scorpion a dû beaucoup écouter Lynyrd Skynyrd avant de composer des slows comme « Always Somewhere »… Après ça, le groupe a bien trouvé ses marques et ne lachera rien jusqu’à la salve finale, composée de « Call Me The Breezer » et « Sweet Home Alabama » qui termine le set en apothéose. Terminé le concert ? Pas tout à fait, peut-on imaginer un concert des sudistes sans « Free Bird », leur Stairway To Heaven, avec sa première partie mélancolique et les solos de guitares en fusion ensuite…
J’ai retrouvé ces mêmes ingrédients lorsque le groupe est passé au Hellfest en 2012. Un grand souvenir !
J’ai déjà dit tout le bien que je pensais de l’ouvrage de François Plassat ici.
Wings Over America obtient les 5 étoiles (sur 6) attribuées aux « disques majeurs, indispensables ». Il évoque dans cette rubrique l’énorme impact de la tournée et du disque. Fait assez rare pour un triple album en public, assez onéreux par-dessus le marché !
Quant au contenu du l’album, il note que pour la première fois, Paul « a définitivement réglé ses comptes avec le passé et permet quelques flash-back en toute sérénité… ». Il évoque plus loin des prestations « sous haute tension ».
Enfin je me suis reconnu lorsqu’il écrit : « Pour certains passionnés de Paul McCartney, WINGS OVER AMERICA est un album fétiche auquel aucun autre album live de Paul ne viendra faire de l’ombre. Sa voix encore très fraîche est capable de toutes les prouesses tout comme l’exploitation unique du riche répertoire des Wings justifie sans doute cette affection sans réserve. »
Carole King a composé (avec Gerry Goffin) pour Aretha Franklin l’une de ses plus belles chansons « (You Make Me Fell like a) Natural Woman ». Ce qui impose un minimum de respect ! Elle n’a pas écrit que ça. « Chains » par exemple a été repris par les Beatles, pas moins. Et aussi « Loco-Motion » popularisé en France par Sylvie Vartan.
Ce live at Montreux était donc une bonne occasion pour s’intéresser à cette auteure compositrice interprète.
Je ne vais pas faire durer le suspense : ça ne l’a pas fait. Je n’ai pas du tout accroché à la voix. Un timbre sans charme et sans relief…
Durant la première moitié du concert, elle s’accompagne simplement au piano. Puis tout un orchestre et une section de cuivres (menée par Tom Scott) montent la rejoindre sur scène. On se dit que tout ce beau monde va envoyer du lourd, du swing, de la soul… En fait, non. Tout le monde s’installe pour… L’écouter reprendre son concert piano/voix… Le piano demeurera l’accompagnement essentiel, à quelques exceptions près. Exceptions qui permettent toutefois d’apprécier un groupe fin et talentueux.
Elle termine le show par la fameuse « Natural Woman » qui, vous vous en doutez, ne fera pas oublier ce qu’en a fait la grande Aretha (allez, je vous mets pour le plaisir la version du Kennedy Center Honors de 2015 où la grande dame, drapée d’un manteau de fourrure invraisemblable, rappelle qui est la patronne !).
Dommage, j’aurais bien voulu aimer ce disque et Carole King, plus généralement.
Natural Woman par Carole King
Natural Woman par Aretha Franklin (la comparaison est cruelle)
Tiens, un nouveau live de Deep Purple ! C’est tellement rare !!! (hum, hum...)
Celui-ci date de 2001, soit un an avant le départ Jon Lord, claviériste historique du groupe et créateur du son si particulier (Hammond B3 bien saturé branché sur un ampli Marshall) qui distingue Deep Purple de tout autre groupe de hard rock dès la première note.
Qu’apporte de nouveau ce disque ? D’abord quelques titres rarement joués en live issus d’albums sous-estimés à leur sortie : « Who Do We Think We Are » et « Fireball ». 4 titres qui s’en sortent plutôt bien à part « Mary Long » qui, à mes oreilles, a toujours manqué d’intérêt.
On notera l’adjonction de cuivres et de choeurs sur certains titres mais ça reste très anecdotique, de même qu'un duo inintéressant sur Highway Star, la voix de Ian Gillan suffisant amplement.
3 jours après Ringo Starr, me revoici dans la capitale pour applaudir un autre « ex » d’un autre grand groupe. Si dans l’organigramme du rock, les Beatles occupent la toute première place (oui, même devant les Rolling Stones), le groupe de Roger Waters (le Pink Floyd, pour ceux qui auraient bénéficié d’une cryogénisation depuis 50 ans) arriverait au deuxième niveau. En tous cas dans ma hiérarchie (Petit rappel de mes 5 groupes anglais préférés ici )
J’avais vu David Gilmour en 2016 dans le féérique cadre du château de Chantilly. Magnifique concert que j’avais commenté ici / LIEN).
Les deux hommes (Waters et Gilmour) ne sont plus les meilleurs amis du monde. Déchirés par de pitoyables procès, les deux artistes avaient toutefois mis leurs différents de côté le temps d’un Live 8 en 2005, laissant espérer, en vain, une réconciliation et de nouveaux projets musicaux commun.
David Gilmour, avec Nick Mason (batterie) et Rick Wright (claviers, décédé en 2008) avaient poursuivi sous le nom de Pink Floyd tandis que Roger Waters poursuivait en solo… avec le même répertoire ou presque. Oui, c’est triste, je sais… Mais chacun fait salle comble, donc niveau popularité et portemonnaie, tout va bien.
Me voici donc dans la capitale pour la deuxième fois cette semaine (je sais, je l’ai déjà dit mais quand même, quoi…). Même hôtel avec vue sur le cimetière.
Cet après-midi je retourne au Musée Marmottan mais avec Erwan, mon neveu et filleul qui vit ici. Le Musée est un ancien hôtel particulier dans le 16ème. C’est très « sympa » comme quartier. Il y a le jardin du Ranelagh qui donne l’impression que rien n’a changé depuis des décennies. Ca pourrait presque servir de décor pour un Disney tant c’est mignon.
Le musée Marmottan Monet (pour être complet) abrite trois thématiques. Au rez-de-chaussée du mobilier et des tableaux du Premier Empire. Ça tombait bien, Erwan est un spécialiste de cette période et faire cette visite à ses côtés lui donnait une dimension supplémentaire. Au sous-sol une exceptionnelle collection Claude Monet, dont une extraordinaire série de Nymphéas. Enfin, à l’étage, une collection d’enluminures, mais nous avons manqué de temps pour la contempler. Il y avait aussi l’exposition temporaire Corot, le peintre et ses modèles. Bon, comme je suis là pour parler de Roger Waters et non du musée Marmottan, je vais faire court : c’était bien, même super bien !
Un petit pot ensemble à la terrasse du restaurant La Gare (sans gare), ancienne station de style néo colonial. Bel endroit !
L’U Arena, aussi appelée « Paris La Défense Arena » ce qui parle mieux, est toute neuve ou presque. Inaugurée par les Rolling Stones en octobre 2017, elle accueille 40 000 spectateurs. Il y a de la place…
Sylvie m’avait pris une place dans le « carré d’Or » mais cette notion qui a une époque lointaine était garante d’une bonne visibilité, ou comme on disait autrefois « être au première loge » n’est plus aujourd’hui que la garantie de payer bonbon ta place ! Evidemment, y’a pire. Mais dans ce cas, aucune chance de voir « en vrai » les artistes. Seuls les écrans géants assurent une visibilité de ce qui se passe en tout petit sur la scène.
Le billet mentionnait que le concert commençait à l’heure. En effet, à 8 heures tapantes, voilà les lumières qui s’éteignent pour laisser place à un écran géant qui couvre toute la scène Sur cet écran, une femme en bord de mer. On entend le vent qui souffle. C’est beau, mais au bout d’un moment, ça lasse un peu quand même. Les images virent au rouge, les musiciens entrent en scène pour l’ouverture de Dark Side Of The Moon, le disque le plus vendu de Pink Floyd. Frissons garantis. On navigue en terrain connu… Roger Waters est en pleine forme et c’est quand même quelque chose de le voir « en vrai ». Encore un rêve de gosse qui se réalise. Si on m’avait à 13 ans : « allez, patience, Philippe, les Pink Floyd tu les verras séparément mais dans 45 ans ! » Pas sûr que j’aurais vraiment réussi à me projeter et encore moins de me réjouir de cette perspective si lointaine.
Après ces quelques mises en bouche dont le moment le plus beau fut le merveilleux Great Gig In The Sky, chanté en duo par les deux choristes. Je crois bien que j’ai senti ma gorge se nouer les yeux piquer. Moment très fort et très réussi.
Les musiciens qui accompagnent Waters sont bons et reproduisent à la note les versions d’origine. Sans doute trop, à mon goût. Les mêmes solos de Gilmour en particulier. Faut-il s’en plaindre ? C’est le problème avec Waters : C’était certes LE grand compositeur du Floyd post Barrett, mais sur scène c’était un des deux chanteurs – et pas le meilleur, toujours à mon avis, et le bassiste. Gilmour a pour lui son jeu de guitare, incomparable (mais imitable, on le constate ici) et LA voix du Floyd. D’où le sentiment parfois un peu gêné d’assister à un tribute band dont le bassiste seul serait l’original. Explication peut être laborieuse et confuse ?
Dans le rôle de Gilmour, donc, Jonathan Wilson. Ce californien se glisse dans le costume magnifiquement. Il mène par ailleurs une carrière solo dont le dernier album a bénéficié d’une excellente critique.
Roger Waters a sorti un album l’an passé « Is This the Life We Really Want ? » plutôt bien d’ailleurs. Assez proche de The Wall, c’est ce qui fait son attrait et peut-être aussi son défaut. En tous cas, les 3 extraits joués ce soir là supportent parfaitement la scène.
Je crois bien que c’est à ce moment que commence vraiment sur les écrans l’apparition de slogans politiques et globalement violemment anti-Trump. Je ne suis pas fan de Trump et au début je trouvais ça plutôt rigolo ces messages anti mondialistes, anti dictateurs, anti pollution, anti famine, anti, anti, anti…. A la fin on voit plus que ça et ça gâche quand même la musique, qui est pourtant prodigieusement bonne et bénéficiant d’une acoustique comme il m’a rarement été donné d’entendre.
Le premier set se termine par le célèbre « Another Brick in the Wall » avec une chorégraphie d’enfants fort réussie.
Voici l’entracte. Roger Waters nous fait un long speech en français nous félicitant d’avoir fait la révolution (et il cite la date) et rappelant que c’est à Paris, en 1948 que fut proclamée la Déclaration des droits de l’Homme. Waters est un homme engagé et enragé par les injustices dans le monde, les inégalités, le pouvoir des grands de ce monde, des dictateurs et Trump.
Pendant toute la pause, des textes militants s’affichent sur les écrans.
La seconde partie débute par deux extraits du moins connu « Animals » (1977). J’aime beaucoup ce disque. Derrière la scène sortent les quatre cheminées géantes de l’usine électrique de la Battersea Power Station qui illustre l’album tandis qu’un gros cochon rose commence à se promener dans le ciel. La chanson Pigs est entièrement « dédiée » à Trump. Les images sur l’écran nous le montre dans toutes sorties de situation humiliantes : en prostitué, en cochon, en travesti… J’en passe…. Trop c’est trop. Je crois bien que c’est sur la fin de cette chanson que les musiciens, portant un masque de cochon, se versent des coupes de Champagne tandis que sur les écrans des images d’enfants squelettiques sont à l’agonie…
Puis vient le cultissime « Money ». Evidemment cette chanson sur le pouvoir et les dérives de l’argent (ironiquement, la chanson et l’album ont rendu les membres du Pink Floyd milliardaires) ne pouvait être illustré que par des images fortes de milliardaires se vautrant dans le luxe et la luxure.
Le show s’achève par les deux titres qui clôturent l’album « Dark Side Of The Moon ». Une fin magique et quasi hypnotique, bénéficiant d’une interprétation sans bavure. Mais comment se concentrer sur la musique tandis que les vidéos nous montrent d’immenses décharges à ciel ouvert. Au dessus de la salle, une pyramide de laser se forme tandis qu’une boule à facette la rejoint. Visuellement c’est magique. C’est le paradoxe de Roger Waters, qui étale sa révolte et qui veut nous faire un show grandiose à force de vidéo, de décors, d’objets volants, de laser, de jeux de lumières. Car oui, c’est impressionnant. Mais n’était-il pas possible pour le musicien de faire passer ses messages avec plus de subtilité et sans gâcher la musique ?
En rappel, un « Comfortably Numb » impeccable mais cette chanson était chantée essentiellement par David Gilmour et elle est surtout dominée par un long et magnifique solo de guitare.
Je ne peux m’empêcher de penser au concert de David Gilmour, qui finissait lui aussi sur le même titre. Mais voici, ce n’était pas Jonathan Wilson qui chantait et jouait à la place de David Gilmour mais bien David Gilmour en personne.
Impressions mitigées donc, avec l’avantage, on l’aura bien compris, au show de Gilmour, même si d’un point de vue des effets scéniques, le concert de Waters était vraiment impressionnant.
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Un petit tour nonchalant dans ma collection de disques. Au hasard, vous trouverez le meilleur (surtout) comme le pire (un peu, pour rigoler) ! je les revendique tous !
j'aime aussi regarder ce qui s'était écrit à l'époque dans les magazines musicaux et particulièrement Rock&Folk, que je remercie au passage de ne pas m'avoir encore trainé en justice pour avoir chipé le titre d'une célèbre chronique de la revue.
Philippe