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31 juillet 2018 2 31 /07 /juillet /2018 16:38

6 JUIN 2018

OLYMPIA - PARIS

Franchement, si Sylvie ne m’avait pas offert le billet, je ne suis pas sûr que je serais allé voir Ringo Starr. Et pourtant oui, je l’aime bien Ringo. Qui peut ne pas l’aimer d’ailleurs ? Il semble toujours de bonne humeur, sans prétention, et ses talents de batteur, si souvent contestés, décriés, ont depuis été revus à la hausse. Un jeu peu démonstratif certes mais une frappe originale et qui a, à sa manière, contribué au succès des Beatles. 


Ringo le 4ème. Le dernier à être cité lorsqu’on énumère les 4 Beatles. John, Paul, George et Ringo. Jamais, Ringo, George, Paul et John. C’est comme ça. Il a d’ailleurs titré l’un de ses albums « Ringo The 4th ». 


OUI MAIS. Ringo, c’est quand même un Beatles ! l’un des quatre ! Et l’un des deux toujours vivants. Sa carrière solo a connu des hauts et des bas, invitant régulièrement ses anciens compagnons à quelques contributions au gré des albums. 


Depuis 1989, il a constitué son « All Starr Band », groupe à géométrie variable qu’il embarque chaque année pour une tournée estivale. Comme son nom l’indique, le groupe est composé de personnalités ayant à leur actif un beau CV et de nombreux tubes, souvent au sein de groupes connus. Ces dernières recrues sont d’ailleurs priées de pousser chacune leur tour quelques chansonnettes qui ont fait leur notoriété. Ainsi on a pu voir Joe Walsh (Eagles) Roger Hodgson (Supertramp), Peter Frampton, John Entwistle (Who)… Ce qui donne un show assez varié et pas uniquement centré sur notre fameux batteur.


Pour cette édition, le groupe se compose de Gregg Rolie à l’orgue (Santana), Steve Lukather à la guitare (Toto), Colin Hay à la guitare rythmique (Men At Work), Graham Gouldman à la basse (10CC) plus Warren Ham (saxophone) et Gregg Bissonette (à la batterie : Ringo n’est pas toujours derrière la sienne).


Comme souvent lorsque je vais voir des « anciens », je consulte sur internet la set list des précédents concerts, histoire de me mettre l’eau à la bouche, comme on peut saliver devant un menu avant de passer commande. Informé sur le programme et les membres de l’orchestre, il est vrai que l’effet de surprise ne risquait pas de me faire un choc… 


J’avais prévu d’arriver assez tôt à Paris pour visiter l’expo temporaire sur Corot au musée Marmottan. Mais le trajet depuis mon hôtel (un Formule 1, porte de Chatillon, avec vue sur le cimetière)l s’avéra beaucoup plus long que l’estimation fournie sur le site de la RATP. Il faut dire que ce dernier m’encourageait à prendre le bus. Erreur fatale ! le bus est trop tributaire du trafic et à chaque arrêt il faut trouver sa correspondance et ce n’est pas toujours évident. Résultat : je me suis pointé au musée un quart d’heure avant sa fermeture. J’obtins du personnel du musée, compréhensif, un report de mon billet au samedi suivant. Pour bien dresser le tableau, il me faut avouer que j’avais laissé à l’hôtel l’imperméable que j’avais pourtant pris la précaution de mettre dans ma valise. Normal, il faisait super beau lorsque j’avais quitté l’hôtel. Ma petite marche à pied jusqu’au musée sous une bonne grosse pluie d’orage m’a inondé façon François Hollande discourant à l’Ile de Sein. Inutile d’être Sherlock Holmes pour déduire que je n’étais pas au mieux de mon humeur alors que je méditais sur mon après-midi, assis sur ce banc public, tirant de dépit sur une cigarette tandis que les gouttes ruisselaient des arbres sur ma misérable personne. 


Allez, reprenant mon courage à deux mains, je décide de m’acheminer doucement vers le quartier de l’Opéra, en métro cette fois. Non mais !
 

 

C’est dire que j’étais encore assez humide en pénétrant dans le célèbre music-hall de la rue des Capucines. Le public, sans surprise majoritairement soixantenaire, s’installe.  Mais on peut aussi voir des trentenaires. L’oreille à l’affut, j’entendis l’un d’eux déclarer « j’aurai quand même vu deux Beatles ! », ce qui résume assez l’état d’esprit. Je remarque un couple très élégant. La femme attire les regards, toute vêtue de blanc, les cheveux brun et longs. La finesse du lin de son pantalon permettait de deviner un shorty. Un petit sac rectangulaire, judicieusement positionné sur la raie des fesses, ôtait toute trivialité à l’ensemble. Mes voisins, deux jeunes hommes (visiblement deux internes en médecine, et célibataires) ne tarissaient pas d’éloges sur ce ravissant spectacle.

Mais voilà que les lumières se tamisent et que les artistes s’installent. Ringo, qui a fêté ses 78 ans bientôt, entre en scène au pas de course. Il semble tenir une forme et une allure exceptionnelle pour son âge.  En fait, on ne l’imagine pas autrement, sautillant en chantant « Matchbox » cette vieille reprise qu’il interprétait déjà avec les Beatles. On ne peut pas dire que Ringo ait une belle voix, ni même qu’il chante bien, mais l’attachement qu’on lui porte doit compenser ces faiblesses. Je n’y vois guère d’autre explication. Il enchaine direct sur l’un de ses quelques tubes des années 70, certainement ma chanson préférée de son répertoire « It Don’t come easy». J’avoue que c’est le moment que j’attendais, que je voulais voir et entendre.  Le public s’enthousiasme et dans un même élan, se lève et se masse dans les allées. Premier grand moment et, dès à présent, on sait que le pari de Ringo est gagné.

Selon la formule présentée plus haut, et après ces deux mise-en-bouche, Ringo rejoint sa batterie pour laisser le micro à Graham Gouldman, pour un obscur (à mes oreilles) titre de 10CC « Dreadlock Holiday », pas le meilleur moment de la soirée. Le public d’ailleurs se rasseoit sagement. La première prise en main de Gregg Rolie est d’un tout autre intérêt. Là, on se rapproche de l’évangile : En effet, le jeune homme chantait déjà « Evil Ways » à Woodstock et il jouait déjà le même solo d’orgue Hammond. C’était il y a presque 50 ans mais le sourire est encore plus épanoui et l’enthousiasme intact. Sans temps mort, c’est maintenant l’heure de gloire de Steve Lukater. Et il ne compte pas laisser le public se rassoir sagement. Ce qu’il ne fait pas car le riff de « Rosanna » ne laisse pas indifférent. Il en est même (des spectateurs) qui arborent des tee-shirts Toto. On peut penser sans trop de risque que c’est bien pour voir le guitariste de Toto qu’ils sont là.  Colin Hay fait descendre le soufflé car son titre  « Down Under » n’a pas vraiment marqué les esprits.

Après cette passe d’arme, voilà notre ami Ringo qui, sans quitter sa batterie, reprend le micro pour « Boys », un autre titre de l’ère Beatles ! La première chanson qui lui fut confiée sur le premier disque des Fab Four. Epatant ! 


Mais voilà l’homme qui s’installe devant un clavier et annonce qu’il a souvent proposé des compositions aux autres Beatles mais sans succès… A part celle-ci : et le voilà qui attaque au piano cet air que tous les amateurs du « double Blanc » (1968) connaissent par chœur : « Don’t Pass Me Buy ». Comment ne pas céder à la nostalgie… D’autant qu’arrive, sans plus attendre, le moment de la grande communion : «  Yellow Submarine ». Raz de marée dans les allées. Nous avons tous 10 ans et sommes embarqués dans le sous-marin jaune, tapant dans nos mains et chantant avec un enthousiasme juvénile sans doute le plus célèbre refrain des Beatles, composé par McCartney pour son batteur. 


Houlà ! La tension artérielle est dangereusement montée pour le « jeune » public que nous sommes. Il est grand temps de regagner nos fauteuils (pas encore roulants) pour un doux et paisible « I’m Not In Love » autre titre de 10cc mais qui parle, celui-là.

 
Ainsi se déroulera le concert, un enchainement un peu improbable, un peu décousu mais avec un plaisir que personne n’aura envie de bouder, tant les retrouvailles sont chaleureuses. On est tous content d’être là et on ne saurait faire la fine bouche. Les musiciens sont au top, Ringo en pleine forme. Tiens, ce titre de Men At Work, que je n’avais plus entendu depuis sa sortie en…. 1981 ! « Who Can It Be Now ? ». Ce refrain, je te l’ai bien mis dans la tête, à mon retour, n’est ce pas Sylvie ?


Et par quoi devait finir le concert à votre avis ? Presque aussi connu que Yellow Submarine et avec le même amour, et sans doute avec une petite larme car, bordel de merde, on parle quand même de notre adolescence là, ce truc qui est gravé en nous, dans notre cœur, sur la peau. Et rien que pour ça, c’était bon d’être là et de partager cet instant avec des gens qui ressentent exactement la même chose, au même moment et au même endroit. Oui, c’est « With a Little Help From My Friend » madame ! le 2ème titre de la face A de Sgt Peppers (1967). Hou que c’est bon ça ! Joan Baez, qui occupe ces jours ci l’Olympia, fait une petite apparition dans les chœurs. Et puis, notre jovial Beatle nous fait un amical salut, l’air de dire « on a passé une bonne soirée, les gars, c’était sympa, à bientôt ! » Avant de disparaitre.  


Les visages ravis dans les couloirs qui mènent à la sortie de la salle étaient éloquents ; de larges sourires se dessinaient et l’on pouvait entendre ici et là des « Voilà, j’aurai vu Ringo Starr » ! 
 

Pour le plaisir, une version des deux Beatles réunis (non, ce n'était pas à l'Olympia et je n'y étais pas).

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  • : Mes disques à moi !
  • : Un petit tour nonchalant dans ma collection de disques. Au hasard, vous trouverez le meilleur (surtout) comme le pire (un peu, pour rigoler) ! je les revendique tous ! j'aime aussi regarder ce qui s'était écrit à l'époque dans les magazines musicaux et particulièrement Rock&Folk, que je remercie au passage de ne pas m'avoir encore trainé en justice pour avoir chipé le titre d'une célèbre chronique de la revue. Philippe
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